WATTRELOS LES ORIGINESDe récentes fouilles font état de la présence de villageois dans les quartiers de Beaulieu et de la Martelotte dès le 1er siècle de notre ère.
Des tombes à incinération et des fossés de drainage attestent que les premiers " Wattrelosiens " furent des gallo-romains.
Le terme " Wattrelosien " est encore prématuré. Le document le plus ancien où l'on mentionne Wattrelos fut écrit vers 1030 et permet de déduire que Wattrelos existait déjà en 846.
Jadis, le territoire où se trouve Wattrelos aujourd'hui appartenait à un certain Allowin : puissant seigneur né en 589 et mort entre 654 et 657. La vie d'Allowin n'était que débauche. Nanti de richesses il se livrait à tous les plaisirs et débordements. Son épouse, affectée, en mourut. Ce douloureux événement allait convaincre Allowin de racheter sa conduite en rejoignant, à 62 ans, la vie monastique au couvent Saint-Pierre de Gand, après avoir donné tout son argent aux pauvres. Reclus dans une minuscule cellule, il s'infligea de nombreuses mortifications et flagellations. Il supporta cette vie entre 3 et 6 ans avant de succomber.
Avant cela, Allowin avait fait don de ses biens et de ses terres, dont Wattrelos (villa avec son église et ses dépendances) à Saint-Amand, évêque de Maëstricht et apôtre des Flandres. Allowin fut canonisé sous le nom de Saint Bavon, et une abbaye portant ce nom fut édifiée à Gand. Les abbés de Saint Bavon furent durant des siècles les seigneurs de Wattrelos. On les appelait " les Messieurs de Saint Bavon ".
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WATTRELOS PENDANT LE Moyen-âgeLa Seigneurie de Wattrelos apparaît comme l'un des plus beaux joyaux de Saint Bavon. D'après le plus ancien " terrier" retrouvé, Wattrelos comptait en 1231 un peu plus d'une centaine de foyers : soit une population de 500 à 600 personnes.
Le domaine de Wattrelos est, sous l'emprise des abbés seigneurs de Saint Bavon, une vaste entreprise agricole. A l'exploitation directe des terres et des paysans (rentes en blé, avoine, colza…) les " Messieurs de Saint Bavon " préfèreront à partir du XIVème, l'exploitation indirecte (location des terres et des droits d'exploitation contre monnaies sonnantes et trébuchantes).
Il est vrai que les terres wattrelosiennes apparaissent comme plutôt prospères. Les forêts gauloises qui occupent les hauteurs de la ville (Beaulieu, Martelotte, Saint-Liévin) reculent très tôt dans l'Histoire pour laisser place aux terres agraires. Très vite, la quasi totalité des surfaces sont exploitées. Les paysans iront même jusqu'à cultiver la vigne. La Boutillerie et le Winhoute n'ont pas été nommés ainsi par hasard.
Acculées à la fontière, sises en plein milieu du comté de Flandres, les terres prospères wattrelosiennes ont souvent été sujettes aux incursions, saisies, réquisitions, pillages et autres destructions.
1302, 1313, 1329, 1340, 1347, sont autant de dates entachées de sang.
La fin du Moyen Age voit naître de nouvelles idées théologiques avec Luther, le réformateur et Calvin qui s'en est fait l'écho en France.
Le protestantisme prend parti contre le catholicisme dont le positionnement politique n'est pas forcément du côté du peuple. Les guerres de religion éclatent vers le milieu du XVIème siècle, mais la plupart du temps, celle-ci sont révélatrices de conflits sociaux. Les protestants sont surnommés les " gueux " ou les " hurlus " termes péjoratifs, témoins du bas niveau social de ses combattants.
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Quelques dates wattrelosiennes589 : naissance d'Allowin qui sera sanctifié sous le nom de Saint-Bavon
651 : conversion d'Allowin qui abandonne tous ses biens à l'église dont Wattrelos
1030 : le nom de Wattrelos apparaît dans un document
1231 : terrier recensant les tenanciers et les terres
1488 : bataille de l'Espierre 27 décembre
1566 : massacre des gueux (calvinistes flamands) que commémore l'actuelle fête des Berlouffes
1646 : épidémie de peste
1777 : rapport de Turgot sur la liberté de fabrication des textiles
1790 : élection de la première Municipalité. Pierre-Joseph Lefèvre, propriétaire du moulin à huile rue de Leers est élu maire par 35 voix sur 65 votants
1794 : bataille de Tourcoing
1865 : l'entreprise Leclercq-Dupire (filature/tissage) s'installe à Wattrelos : première implantation industrielle dans la commune
1895 : pose de la première pierre de l'hôpital
1911 : pose de la première pierre de l'Hôtel de Ville de Wattrelos
1912 : ouverture de La Lainière de Roubaix dont la majeure partie des bâtiments se trouve à Wattrelos
1949 : mise en route d'un plan de construction de logements à la Mousserie puis à la Martinoire
1969 : installation de La Redoute à la Martinoire
1971 : début des travaux d'aménagement du parc du Lion
1983 : ouverture de l'O.M.E.P
1992 : ouverture des frontières
1995 : rénovation du quartier du Crétinier
2001 : rénovation du quartier de la Mousserie ; lancement du Grand Projet de Ville (G.P.V)
2003 : rénovation du quartier de Beaulieu
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WATTRELOS : UNE VILLE FRONTIERELes chaînes montagneuses à l'Est et au Sud de la France sont des repères évidents pour constituer une fontière. Le Nord, si pauvre en relief et en accidents géographiques, a suscité plus de difficultés pour établir une limite.
Wattrelos est séparée de ses voisines belges (Mouscron, Luingne, Herseaux, Estaimpuis et Leers Nord) par des conventions politiques mais aussi par un micro-réseau hydrographique constitué de ruisseaux tels que l'Espierre.
La frontière wattrelosienne a commencé à s'établir vers le milieu du XVIIème siècle. Wattrelos devint un village frontière le 10 août 1678 par le traité de Nimègue.
Aujourd'hui, Wattrelos compte 13 kilomètres de frontière. Au nom de la tradition locale, les gallodromes sont tolérés sur une mince bande frontalière côté français. C'est là où ont lieu les combats de coqs.
Les scènes douanières sont dans tous les esprits grâce aux nombreuses cartes postales illustrant le thème. Entre 1906 et 1970, une cinquantaine de cartes postales différentes a été éditée, la plupart d'entre elles mettant en scène douaniers et contrebandiers. Pendant près de trois siècles, le tabac fut le produit le plus fraudé.
Deux types de contrebande étaient à distinguer, mais presque tout le temps, elles se faisaient à l'importation. La fraude la plus commune était celle pratiquée par tout un chacun : tabac, alcool, chocolat, savon… Tous les Wattrelosiens ont pu être, à un moment ou à un autre, considérés comme fraudeurs. Les prix avantageux pratiqués en Belgique n'expliquaient pas tout. Certains quartiers excentrés, mal desservis par les routes, au milieu du XXème siècle, faisaient dire à certains de leurs habitants qu'ils étaient plus près de la Belgique que de la France.
Les véritables contrebandiers développèrent d'innombrables subterfuges pour importer illégalement (principalement) le tabac. Les chiens étaient dressés pour passer la fontière chargés de marchandises prohibées. Certains enfants, les pacotilleurs, étaient eux aussi mis à contribution par des parents indélicats.
Aujourd'hui, malgré l'ouverture des frontières, le jeu du chat et de la souris continue. Pour preuve cette anecdote : une tonne de bananes colombiennes a été saisie en 1992 à la douane du Mont-à-Leux. Le convoyeur ne possédait pas la licence requise. Les bananes ont été offertes aux Restos du Cœur.
Le développement de l'industrie textile L'artisanat textile se développe à Wattrelos, à partir du XIVème siècle, comme activité complémentaire à côté de l'exploitation agricole.
L'été, on est aux champs, l'hiver sous le chaume à filer ou à tisser. Mais, la croissance de cette activité sera, à plusieurs reprises, entravée par l'attitude hostile des entrepreneurs lillois, soucieux de garder le monopole de la fabrication. Cela, jusqu'à la Révolution qui instaurera la liberté du commerce et de l'industrie.
Au XIXème siècle, par rapport à Roubaix et Tourcoing, le développement de l'industrie est lent et modeste.
Wattrelos restera longtemps un bourg agricole. En 1830, les 4/5ème du territoire sont consacrés aux labours et aux prairies. Et il faudra attendre le milieu et la seconde moitié du siècle pour que l'industrie commence à s'implanter.
Le tissage D'Halluin-Lepers s'installe en 1845. Puis, 20 ans plus tard, Leclercq-Dupire, première fabrique de Wattrelos, avec 600 ouvriers.
Cependant, le travail à domicile reste l'activité principale des ouvriers textiles wattrelosiens.
En 1876, ils sont 3 200 à travailler chez eux ou dans de petits ateliers, tandis que 2 000 rejoignent les usines.
Ayant besoin d'une main d'œuvre nombreuse, les grands industriels envoient des rabatteurs dans les hameaux : ils débauchent les ouvriers à domicile en proposant des salaires plus élevés. Ce mode de fabrication va donc connaître un déclin irrémédiable qui s'étalera jusque la fin du XXème siècle. Le dernier métier à tisser de Wattrelos a cessé de fonctionner au début des années 80.
Au début du XXème siècle, le développement industriel a lieu à cheval sur Roubaix et Wattrelos.
Le peignage Amédée Prouvost est transféré du centre de Roubaix à la limite des deux communes puis, non loin de là, en 1912, La Lainière de Roubaix, dont la plus grande partie des installations est située sur Wattrelos, ouvre ses portes.
Jusqu'aux années 70, l'entreprise obtient de nombreux succès commerciaux telles que la laine Pingouin en 1925, les chaussettes Stemm en 1948, ou les tricots Rodier.
La visite en 1957 de la Reine d'Angleterre et du Premier Secrétaire de l'Union soviétique Nikita Krouchtchev en 1960, confirment la renommée mondiale de la firme. A cette époque, l'entreprise compte 6 000 salariés. Elle fermera ses portes début 2000.
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Naissance du mouvement ouvrierPrintemps 1880 : Après un hiver particulièrement rigoureux, marqué en plus par un chômage massif chez les fileurs, les ouvriers cessent le travail pour obtenir une augmentation compensant la hausse du coût de la vie. En effet, les prix du kilo de beurre et de pommes de terre a pratiquement doublé. Les grévistes wattrelosiens se distinguent en organisant le passage en fraude, à grande échelle, entre la Belgique et la France, de produits de première nécessité. Ainsi, ils passent la frontière, par flots irrépressibles, en chantant : " J'ai du bon tabac ". Les bénéfices accumulés leur permettent de tenir quelques temps. Mais finalement, cette grève est un échec qui ne reste pas sans conséquences.
Naissance d'une coopérative Le leader socialiste flamand Edouard Anseele juge que les ouvriers ont mal préparé le mouvement en n'ayant ni structures, ni réserves.
Il cite l'exemple de la coopérative gantoise qu'il préside, le " Vooruit ", " citadelle d'où la classe ouvrière bombarde la bourgeoisie à coup de tartines et de pommes de terre ".
Le conseil est écouté par les militants socialistes wattrelosiens. Au mois de novembre 1897, la coopérative ouvrière " L'Humanité " voit le jour dans le quartier de la Vieille Place avec, déjà, 150 inscrits. Elle comprend une boucherie, une boulangerie, une charcuterie, et une épicerie.
A son apogée, la coopérative comptera 800 adhérents.
Durcissement syndical L'autre conséquence de l'échec de cette grève causée par l'intransigeance patronale, c'est le remplacement à la tête du syndicat des ouvriers textiles d'un partisan de l'entente entre patrons et ouvriers par un militant plus combatif : Henri Carette, futur maire de Roubaix. Prévues en 1881, les élections législatives approchent. Ce dernier décide de faire appel à Jules Guesde, leader du Parti ouvrier français, pour défendre les idées du socialisme dans la 7ème circonscription (Roubaix-Wattrelos).
Face au candidat bonapartiste Pierre Catteau, la défaite est cuisante. Pas plus de 492 voix, dont seulement 8 à Wattrelos. Le socialisme en est à ses débuts...
Il progresse alors année après année, et en 1893, Jules Guesde est élu député avec 6 879 voix parmi lesquelles 718 à Wattrelos.
La même année naît la Fraternelle de Wattrelos, d'abord rattachée à la section roubaisienne du Parti ouvrier français.
En 1896, les socialistes wattrelosiens s'estiment assez forts pour créer leur propre section. En 1900, 8 socialistes entrent au Conseil municipal. Parmi eux, Henri Briffaut qui sera maire de 1912 à 1938.
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LES JEUX DE TRADITIONS :Bourles - Colombophilie - Combats de coqs - Tir à l'arc - Javelot
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Les bourles L'origine du jeu remonterait au XVIIème siècle. Des flamands employés en Anjou aux travaux de canalisation de la Loire, auraient importé chez eux un jeu appelé " boule du fort " pratiqué dans la région. Le jeu se pratique sur une piste relevée sur les côtés, longue de 20 à 28m et large de 3m. Un bourleux talentueux sait faire slalomer sa bourle entre les autres placées par ses adversaires, pour atteindre l'étaque, une pièce de cuivre située à l'extrémité de la piste. Ceci explique que le mot " bourle " (en patois, tituber en zigzaguant) se soit imposé pour désigner ce jeu.
Concrètement, la bourle présente la forme d'un cylindre épais de 12cm, pour un diamètre de 30cm. Son poids se situe entre 6 et 9kg. A l'origine, elle était faite en " gaiac " un arbre d'Amérique du Sud extrêmement dur. Aujourd'hui, on utilise de plus en plus d'autres matériaux.
La capitale de la Bourle
En 1800, 200 bourloires existaient à Wattrelos ; en 1911, il y en avait 90, soit une pour 67 habitants. Aujourd'hui, cinq pistes existent encore, fréquentées par 500 pratiquants répartis dans sept associations.
[*]Cinq tournois se déroulent chaque année :
l'un des plus connus, quoique non "officiel", est celui des Trois Saints :
Saint-Joseph, Saint-Liévin et Saint-Paul.
Viennent ensuite le championnat de la fédération des sociétés de bourles de Wattrelos,
la coupe de la Ville de Wattrelos, le tournoi intervilles,
le masters et le tournoi des jeunes.
La bourloire municipale se situe
au parc du Lion (à la Maison des jeux de tradition)