La Capoeira, une lutteAu début de la colonisation du Brésil, vers 1550, et afin d'exploiter les richesses de cet énorme pays, les colons déracinent des populations africaines et les réduisent à l’état d’esclavage. Maltraités, torturés, ces esclaves meurent au travail. Rares sont les individus à la force de l’âge qui survivront plus d’une décennie.
Cette rencontre entre différentes populations africaines d’une grande richesse culturelle aboutit à la mise en commun de leurs danses, leurs chants, leurs musiques et finit par créer un rituel lié à leur grande détresse commune. Sous cette expression s’organise une révolte sous-jacente. La forme chantée et dansée du rituel, innocente aux yeux des colons, devient une véritable préparation au combat des esclaves contre leurs oppresseurs.
Dès 1640, des populations d’esclaves se révoltent et résistent aux assauts lancés contre elles. Vers 1780, la pratique de ce rite par les gens de couleur, libres ou esclaves, inquiète l’autorité qui persécute alors les “capoeiras“, sans succès. En 1875, la capoeira existe dans toutes les villes du Brésil, les médias de l’époque soulignent l’inquiétude d’une catégorie de citoyens qui se sentent menacés par cette expression corporelle, alors que les notables utilisent cette psychose à des fins politiques. Vers 1887, dans les villes, une révolution visant à l’abolition de l’esclavage fait son chemin, ce qui provoque, en 1889 un coup d’état militaire et la promulgation d’une loi interdisant l’exercice de la capoeira. Cette interdiction est de plus en plus contestée par les intellectuels. Conscients de la valeur de cet héritage afro-brésilien, ils demandent alors la réhabilitation de la capoeira, en tant que sport.
Le maître BimbaLa capoeira survit dans l’ombre jusqu’en 1937. Dès lors, l’activité ne peut s’exercer que dans des lieux fermés. C’est à Salvador de Bahia que les Afro-Brésiliens se retrouvent les plus nombreux et forment ainsi la plus grande concentration de capoeiras du Brésil. Bimba, un illustre maître, ouvre la première “académie de lutte régionale de Bahia“, il en établit des règles au jeu traditionnel. Formés dans cette Académie, de nombreux capoeiristes ont parcouru le Brésil et d'autres contrées, pour faire reconnaître la valeur culturelle, éducative, créative et artistique de cette activité.
La Capoeira, un jeu, une danseL’aire de jeu est un espace circulaire à l’intérieur duquel le capoeiriste établit un dialogue corporel avec son partenaire. On lutte en dansant, on improvise des figures, on utilise toutes les astuces pour conduire le jeu à sa guise. Autour de l’aire de jeu, des danseurs forment la"RODA" en attendant de rentrer dans le cercle. Ils rythment le jeu par leurs instruments et par leurs chants. La qualité du rythme et des chants transcende les acteurs dont la cadence évolue constamment. Être au centre, c’est être totalement présent, l’esprit libre; c’est être seul dans un exercice qui doit être rapide et fluide en même temps. Le principe du jeu, c’est de ne pas toucher son adversaire et d’arrêter le mouvement à temps. Le contrôle que les acteurs gardent sur leur geste limite la violence, la beauté du jeu est concrétisée par le respect que l’on a pour l’autre. On termine le jeu en se serrant la main, il n’y a pas de vainqueur.
La Capoeira, un rituelInspiré des mouvements des félins, des macaques ou des reptiles, le capoeiriste évolue indifféremment allongé, à quatre pattes, debout ou renversé, prêt à bondir. La copoeira ne ressemble à aucune danse et à aucun autre art de combat.
Universalité de la CapoeiraAprès une longue période de réprobation, la capoeira a acquis enfin ces lettres de noblesse. Actuellement, elle est enseignée et pratiquée dans les théâtres de danse contemporaine, les écoles de cirque, les centres de sports et même les universités. Le Brésil est le berceau de la capoeira avec de nombreuses Académies. Aux Etats Unis, en Asie et en Europe, plusieurs écoles de capoeira se sont ouvertes depuis une décennie.